Aquitaine

Quel nom pour notre région ?

Notre région est la Nouvelle-Aquitaine

RHL a pris position dès le début pour que notre région s’appelle Aquitaine. Le conseil régional a opté pour Nouvelle-Aquitaine, appellation qui sauve l’essentiel. Vous trouverez dans cette rubrique les arguments historiques que nous avions mis en avant. 

Un nom pour la nouvelle région :

pour les historiens limousins, c’est

l’Aquitaine !

En quelques mots :

Le nom d’une région doit fédérer les énergies et susciter l’adhésion de sa population en proposant une identité forte. Il doit également servir d’outil de développement en s’appuyant sur un puissant capital de notoriété. L’Aquitaine est une entité aux limites fluctuantes, mais toujours ancrée dans les territoires d’entre Loire et Garonne. Le nom est attesté dès l’empereur Auguste. Il correspond à un duché mérovingien puis à un royaume carolingien. Il redevient un duché à l’époque féodale : celle des troubadours, des Plantagenêts, d’Aliénor et de Richard Cœur de Lion.  Durant toute cette période, le Limousin est une composante essentielle de l’Aquitaine.  Puis, les centralisations monarchique et républicaine gomment les cohérences régionales. En 1955, la régionalisation réutilise le nom d’Aquitaine, mais pour un espace restreint.  En 2016, la nouvelle région va renouer avec l’Aquitaine historique, au sein de laquelle les identités infra-régionales (Limousin, Poitou, Périgord, etc.) auront toutes leur pertinence.  Le Limousin a tout à gagner à se réapproprier ce nom prestigieux.

Rédaction :

Robert Chanaud, président de Rencontre des Historiens du Limousin

Pascal Texier, président de la Société archéologique et historique du Limousin

Jean-François Boyer, docteur en histoire (thèse sur l’administration locale dans l’Aquitaine des VIIe-Xe s. .)

Christian Rémy, docteur en histoire (thèse sur l’administration royale dans le nord-est de l’Aquitaine au XIIIe s.)

Petit résumé historique

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Aujourd’hui lorsqu’on parle d’Aquitaine, on pense habituellement au Bordelais et aux départements limitrophes de la Gironde.

Mais ceci ne correspond nullement aux données historiques.

En effet, l’Aquitaine fut pendant des siècles beaucoup plus vaste. Sans remonter à l’époque romaine, il suffit de dire qu’au Moyen Âge elle était principalement organisée à partir du Poitou et du Limousin.

Ainsi, par exemple, le seul roi carolingien à avoir été couronné et sacré sur le sol aquitain le fut – devinez où ? – à Limoges en 855.

Aux XIe-XIIIe siècles, Limoges et le pays Limousin (les trois départements de la région actuelle) constituaient avec le Poitou le cœur du duché d’Aquitaine (tandis que Bordeaux relevait au moins jusqu’au milieu du XIe siècle du duché de Gascogne) : c’est à Limoges que Richard Coeur de Lion fut investi duc d’Aquitaine. Son père, Henri II Plantagenêt, aimait tellement le monastère de Grandmont « en la Marche » qu’il voulait s’y faire inhumer. Le territoire des Plantagenêts, à la fois ducs d’Aquitaine et de Gascogne, préfigure à peu de chose près la future grande région.

Mais entre le XIIIe et le XVe siècle, ce territoire se réduisit, comme peau de chagrin, à la région bordelaise que l’on appelait désormais Guyenne, et qui correspond en gros à la région actuelle (mal) nommée Aquitaine.

Ainsi, durant des siècles, le Limousin a toujours été en Aquitaine.

Les historiens limousins partagent cette analyse de Rencontre des Historiens du Limousin ainsi que son souhait de voir notre future région (re)prendre le nom d’Aquitaine.

Les sociétés historiques suivantes sont en plein accord avec notre point de vue :

– la Société archéologique et historique du Limousin (président : Pascal Texier) ;

– la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse (président : Patrick Léger) ;

– la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze (présidente : Marguerite Guély) ;

– la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze (président : Gilbert Beaubatie) ;

– Renaissance du Vieux Limoges (président : Michel Toulet) ;

– en outre la Société historique et archéologique du Périgord va publier notre argumentaire historique dans son bulletin, et des contacts sont prévus avec les sociétés du Poitou, de l’Angoumois et de la Saintonge.

Les arguments de l’histoire

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Le Limousin, un territoire essentiel de l’Aquitaine !

Quel nom donner à la grande région qui va rassembler Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes ? Ce nom est tout trouvé : c’est l’Aquitaine. Évident pour les historiens, ce point de vue peut surprendre nos contemporains. Afin d’éclairer le débat, faisons brièvement le point sur cette question.

Au fil des siècles, le territoire désigné sous le nom d’Aquitaine a bien sûr fortement varié. Quelle région ne peut en dire autant ? « La Gaule est divisée en trois parties », disait Jules César : la Belgique, l’Aquitaine et la Celtique. Au IVe siècle, les deux provinces d’Aquitaine première et seconde formaient un immense territoire s’étendant de la Loire à la Garonne et de l’Océan à l’est du Massif central.

Au VIIIe siècle, les premiers ducs d’Aquitaine contrôlaient sensiblement ce même espace, hormis la région de Bordeaux aux mains des Gascons ; le Quercy, l’Agenais et le Rouergue, de plus en plus tournés vers Toulouse leur échappaient probablement aussi.Le royaume d’Aquitaine créé par Charlemagne en 781 était en revanche beaucoup plus vaste, allant de la Loire aux Pyrénées et de l’Atlantique à l’Auvergne, même si le pouvoir réel résidait dans les grands comtés du nord : Poitou, Berry, Auvergne et Limousin (ancien territoire des Lémovices : Corrèze, Creuse, Haute-Vienne, Confolentais, Nontronais). C’est précisément à Limoges que le fils de Charles le Chauve, Charles l’Enfant, fut couronné roi d’Aquitaine en 855. Au cours des Xe et XIe siècles, les comtes de Poitiers, cumulant aussi le titre de comte de Limoges, se parèrent du titre de duc d’Aquitaine puis devinrent également ducs de Gascogne.

Limoges, « fleuron du duché », conserva dans cet ensemble un rôle essentiel jusqu’au XIIe siècle au moins, comme lieu de couronnement des ducs : c’est en cette ville que Richard Coeur de Lion fut investi en tant que duc d’Aquitaine vers 1170, en passant à son doigt l’anneau de sainte Valérie. L’abbaye Saint-Martial, dont les fouilles archéologiques révèlent actuellement les vestiges carolingiens et romans, tenait de toute évidence un rôle majeur dans ce rituel hautement symbolique.

       Aujourd’hui, le nom « Aquitaine » évoque surtout l’époque des Plantagenêts, avec les flamboyantes figures d’Aliénor et de Richard Coeur de Lion, sur fond de troubadours et d’amour courtois à la cour ducale de Poitiers. Ainsi les deux duchés d’Aquitaine et de Gascogne réunis, avec leur trois villes principales (Limoges, Poitiers, Bordeaux) préfiguraient alors de manière étonnante ce que va être la « grande région ». Mais à partir de Philippe Auguste et Louis VIII, le territoire contrôlé par les Plantagenêts fut bientôt réduit à la « Guyenne » (évolution phonétique d’Aquitania) où Bordeaux s’imposa comme ville-centre aux XIIIe – XVe siècles.

       Sous l’Ancien Régime, l’intendance de Guyenne ou de Bordeaux s’étendait de la Gironde et de la Dordogne aux Pyrénées-Atlantiques. La « région de programme » créée en 1955 reprit en gros ces contours, qui restent ceux de la région actuelle. Mais elle ne correspond finalement que très partiellement à l’Aquitaine historique qui va renaître avec la grande région, au sein de laquelle les identités infra-régionales retrouveront toute leur vigueur : Limousin, Périgord, Poitou, Agenais, Saintonge, Angoumois, Béarn et Pays basque etc.

        C’est pourquoi il nous semble que les habitants du Limousin mais aussi de Poitou-Charentes, qui constituent le cœur historique de l’Aquitaine, ne devraient avoir aucune réticence à ce que leur future région reprenne ce beau nom, mais qu’au contraire ils devraient le revendiquer. Ils ont de sérieux titres à faire valoir pour cela !

Rencontre des Historiens du Limousin, août 2015

Exprimez-vous sur www.historiensdulimousin.fr rubrique Aquitaine !

Vous pouvez aussi proposer « Un nom pour la nouvelle Grande région » sur le site www.magranderegion.fr

Notoriété, économie, développement

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Comme il est dit plus haut, le nom d’une région doit fédérer les énergies et susciter l’adhésion de sa population en proposant une identité forte. Il doit également constituer un outil de développement en s’appuyant sur un puissant capital de notoriété. Cette visibilité internationale est primordiale.

Précisément, quel est le potentiel des différentes appellations envisagées ?

Nous nous sommes livrés à une rapide enquête de notoriété à partir de la présence sur Google (en français et en anglais) des termes Aquitaine, Limousin, Poitou, Poitou-Charentes, Périgord, et Sud-Ouest. En voici le résultat :

Présence sur GoogleNb. de pagesPopulationRatio
Aquitaine46 300 0003 355 00014
Limousin31 500 000741 04743
Poitou-Charentes26 700 0001 792 00015
Poitou33 400 000
Périgord3 450 000
Sud-Ouest atlantique23 000

La comparaison entre Aquitaine et Sud-Ouest est particulièrement éclairante. Plus intéressante encore est la comparaison Poitou-Charentes/Poitou : elle montre que les appellations « historiques » sont infiniment plus présentes que les appellations « bricolées ». Pour Sud-Ouest, l’analyse est complexe car le terme correspond au titre d’un puissant groupe de presse.

Le ratio de la dernière colonne est calculé à partir du nombre de pages rapporté au nombre d’habitant. Il permet de mieux prendre en compte la notoriété extérieure. On constate que le Limousin jouit d’une notoriété externe tout à fait remarquable (10 fois plus que le Périgord, que l’on crédite pourtant d’une notoriété totalement surestimée) : il n’y a donc aucunement à craindre qu’il disparaisse des radars.

En définitive, la référence à l’Aquitaine peut être déterminante en termes de définition de politiques publiques et de développement économique. Sa très forte notoriété internationale révèle qu’une politique de communication utilisant un autre terme, tel que « Sud-Ouest » coûterait infiniment plus cher pour un impact qui resterait des plus limité.

Aquitaine et politique de marque. Au-delà des diversités géographiques il existe incontestablement des communautés de culture et de savoir-faire qui pourraient être mises en valeur au travers d’une marque Aquitaine : arts de la table et métiers du luxe, chemins de Saint-Jacques, langue et littérature, etc. Cela permettrait d’articuler des politiques de valorisation touristiques et patrimoniales cohérentes grâce à un territoire clairement identifiable et d’une exceptionnelle richesse.

Les autres noms

dont on parle

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– Grand Sud-Ouest

Terme insipide et sans potentiel d’adhésion de la part des habitants concernés.

Et puis un Grand Sud-Ouest sans Toulouse …

– Sud-Ouest atlantique

La Haute-Vienne, la Creuse, atlantiques, vraiment ? En outre cette appellation peut concerner tous les pays européens de la façade atlantique.

– Aliénor

Le personnage fait certes fantasmer, mais il a aussi ses zones d’ombre… Et ce ne sera pas compris à l’étranger.

– Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes

Encore plus long à prononcer que Provence-Alpes-Côte d’Azur (10 syllabes contre 6), il sera très vite réduit à un affreux acronyme du type ALPC, si ce n’est ALiPoiCh.

– Grande Aquitaine, Nouvelle Aquitaine

L’adjonction d’un adjectif semble affaiblir l’impact du nom. Et que serait a contrario la « Petite Aquitaine » ?

Comment appellera-t-on les habitants de cette région ?

On sait les difficultés que provoque un nom se prêtant mal à la formation d’un adjectif. Les habitants de PACA ne sont pas des Pacaiens : on dit Provençaux. Et selon leur département les Picto-Charentais se dénomment eux-mêmes Poitevins, ou Charentais.

Serons-nous des Grandsudouestiens ? Nous préfèrerions être des Aquitains. C’est d’ailleurs ce que nous sommes.

Rencontre des Historiens du Limousin

octobre 2015

Le Limousin

un territoire essentiel de l’Aquitaine !

Quel nom donner à la grande région qui va rassembler Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes ? Ce nom est tout trouvé : c’est l’Aquitaine. Évident pour les historiens, ce point de vue peut surprendre nos contemporains. Afin d’éclairer le débat, faisons brièvement le point sur cette question.

      Au fil des siècles, le territoire désigné sous le nom d’Aquitaine a bien sûr fortement varié. Quelle région ne peut en dire autant ? « La Gaule est divisée en trois parties », disait Jules César : la Belgique, l’Aquitaine et la Celtique. Au IVe siècle, les deux provinces d’Aquitaine première et seconde formaient un immense territoire s’étendant de la Loire à la Garonne et de l’Océan à l’est du Massif central.

Au VIIIe siècle, les premiers ducs d’Aquitaine contrôlaient sensiblement ce même espace, hormis la région de Bordeaux aux mains des Gascons ; le Quercy, l’Agenais et le Rouergue, de plus en plus tournés vers Toulouse leur échappaient aussi.Le royaume d’Aquitaine créé par Charlemagne en 781 était en revanche beaucoup plus vaste, allant de la Loire aux Pyrénées et de l’Atlantique à l’Auvergne, même si le pouvoir réel résidait dans les grands comtés du nord : Poitou, Berry, Auvergne et Limousin (ancien territoire des Lémovices : Corrèze, Creuse, Haute-Vienne, Confolentais, Nontronais). C’est précisément à Limoges que le fils de Charles le Chauve, Charles l’Enfant, fut couronné roi d’Aquitaine en 855. Au cours des Xe et XIe siècles, les comtes de Poitiers, cumulant aussi le titre de comte de Limoges, se parèrent du titre de duc d’Aquitaine puis devinrent également ducs de Gascogne

Limoges, « fleuron du duché », conserva dans cet ensemble un rôle essentiel jusqu’au XIIe siècle au moins, comme lieu de couronnement des ducs : c’est en cette ville que Richard Coeur de Lion fut investi en tant que duc d’Aquitaine vers 1170, en passant à son doigt l’anneau de sainte Valérie. L’abbaye Saint-Martial, dont les fouilles archéologiques révèlent actuellement les vestiges carolingiens et romans, tenait de toute évidence un rôle majeur dans ce rituel hautement symbolique.

       Aujourd’hui, le nom « Aquitaine » évoque surtout l’époque des Plantagenêts, avec les flamboyantes figures d’Aliénor et de Richard Coeur de Lion, sur fond de troubadours et d’amour courtois à la cour ducale de Poitiers. Ainsi les deux duchés d’Aquitaine et de Gascogne réunis, avec leur trois villes principales (Limoges, Poitiers, Bordeaux) préfiguraient alors de manière étonnante ce que va être la « grande région ». Mais sous Philippe Auguste et Louis VIII, le territoire contrôlé par les Plantagenêts fut bientôt réduit à la « Guyenne » (évolution phonétique d’Aquitania) où Bordeaux s’imposa comme ville-centre aux XIIIe – XVe siècles.

       Sous l’Ancien Régime, l’intendance de Guyenne ou de Bordeaux s’étendait de la Gironde et de la Dordogne aux Pyrénées-Atlantiques. La « région de programme » créée en 1955 reprit en gros ces contours, qui restent ceux de la région actuelle. Mais elle ne correspond finalement que très partiellement à l’Aquitaine historique qui va renaître avec la grande région, au sein de laquelle les identités infra-régionales retrouveront toute leur vigueur : Limousin, Périgord, Poitou, Agenais, Saintonge, Angoumois, Béarn et Pays basque etc.

       C’est pourquoi il nous semble que les habitants du Limousin mais aussi de Poitou-Charentes, qui constituent le cœur historique de l’Aquitaine, ne devraient avoir aucune réticence à ce que leur future région reprenne ce beau nom, mais qu’au contraire ils devraient le revendiquer. Ils ont de sérieux titres à faire valoir pour cela !

Rencontre des Historiens du Limousin, août 2015

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