Jérémy Brunet reçoit son prix lors de l'assemblée
générale du 9 octobre 2011, entouré de Robert Chanaud, Philippe Grandcoing et Évelyne Proust.
Résumé de la communication de J. Brunet lors de l'assemblée générale
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Par son caractère massif et industriel, la Grande Guerre expose le Service de Santé aux armées à un contexte sanitaire inédit. La révolution
du fait guerrier, en partie liée à l’avènement de nouveaux armements dotés d’une capacité de destruction phénoménale, constitue un défi colossal et hors du commun. À l’avant comme
dans la zone de l’Intérieur, le corps de santé de l’armée française s’organise. Entre 1914 et 1918, plus de 9.300 hôpitaux temporaires ont fonctionné au sein de la zone de l’Intérieur.
À la faveur d’une bonne desserte ferroviaire, Brive, à l’image de tant d’autres villes françaises, est partie prenante de cet imposant dispositif de prise en charge sanitaire. Dès la fin du premier mois de conflit,
un dépôt de blessés est aménagé en toute hâte au sein de la caserne Brune. Puis, le début de l’année 1915 est marqué par la réquisition du collège Cabanis qui abrite jusqu’en
septembre 1917 l’Hôpital Complémentaire n°41. Lieu de transit de soldats malades et blessés sortant d’une période d’hospitalisation, cet établissement accueille, à partir de 1916, des patients
provenant directement du front. La mise en route de ces deux formations temporaires est particulièrement laborieuse et chaotique, à l’image de l’entrée en matière délicate du Service de Santé. Toutefois,
conjugué à la solidarité populaire ambiante, le dynamisme entreprenant du personnel hospitalier vient à bout des principales difficultés. Hôpitaux et blessés s’installent durablement dans le paysage et
la vie locale, au risque d’empiéter sur la vie civile. L’enthousiasme populaire et patriotique initial se mue petit à petit en lassitude, en fatigue, voire en rejet. En outre, les sources militaires hospitalières apparaissent
comme un bon moyen d’appréhender de façon concrète la réalité combattante vécue par les soldats de 14-18. Les diagnostics médicaux qui figurent dans les archives conservées au S.A.M.H.A (Service
des Archives Médicales et Hospitalières des Armées) révèlent tout à la fois la dureté de la vie dans les tranchées, l’épuisement causé par une guerre interminable, les pathologies
qui n’ont pu être entièrement endiguées par les progrès de la médecine ou encore les conséquences corporelles et psychiques d’une nouvelle forme de violence industrielle, massive, anonyme et paroxysmique.